Acheter un fonds de commerce permet de reprendre une activité commerciale sans en acquérir les murs. Ce type d’opération exige une évaluation rigoureuse du bien immatériel en question, ainsi qu’un plan de financement solide.

Avant tout : bien cerner ce qu’est un fonds de commerce

Avant d’envisager l’achat d’un fonds de commerce, il est essentiel d’en comprendre les contours juridiques et économiques. En effet, un fonds de commerce ne se confond pas avec le local commercial lui-même, mais représente un ensemble d’éléments liés à l’activité.

Définition d’un fonds de commerce

Le fonds de commerce regroupe l’ensemble des actifs matériels et immatériels permettant l’exploitation d’une activité commerciale ou artisanale. Il inclut notamment :

  • Le nom commercial et l’enseigne ;

 

  • Le droit au bail, c’est-à-dire la possibilité de poursuivre l’occupation du local ;

 

  • La clientèle et l’achalandage ;

 

  • Le stock, les produits ou services proposés ;

 

  • Le matériel, les outils et équipements ;

 

  • Les droits de propriété intellectuelle (brevets, marques, dessins et modèles, etc.).

Selon l’article L142-2 du Code de commerce, ces éléments doivent figurer dans l’acte de vente, en distinguant clairement les biens corporels des biens incorporels. De plus, l’enregistrement de la cession doit être effectué auprès du greffe du tribunal de commerce compétent (article L141-5 du Code de commerce).

Comment bien choisir un fonds de commerce à reprendre ?

La réussite d’une reprise passe par une évaluation précise et une analyse stratégique du fonds convoité. Voici les étapes incontournables :

Analyse sur le terrain

Une visite du site est indispensable. Il s’agit de rencontrer les salariés, observer le matériel en place, évaluer la fréquentation et apprécier l’environnement local. Ce contact direct offre une première idée du potentiel.

Étude financière

L’analyse des bilans comptables permet de vérifier la santé économique de l’entreprise : évolution du chiffre d’affaires, bénéfices, investissements réalisés, etc. Cela permet de détecter les signes d’une activité dynamique ou en déclin.

Potentiel de développement

Le repreneur doit se demander si l’activité peut croître, en fonction du secteur, des nouvelles tendances, de la demande locale ou des leviers de digitalisation.

Concurrence et positionnement

Une analyse du marché local et des concurrents permet de situer l’activité et d’identifier les marges de progression. Est-elle leader, suiveuse ou en perte de vitesse ?

Le vendeur a l’obligation de fournir les chiffres d’affaires mensuels depuis la dernière clôture de bilan, ainsi que les documents comptables des trois exercices précédents (article L141-2 du Code de commerce).

Financer l’acquisition d’un fonds de commerce : quelles solutions ?

Une fois le fonds sélectionné et évalué, il convient de réfléchir au financement. Plusieurs dispositifs sont possibles, seuls ou combinés.

Utiliser les fonds propres de l’entreprise

Si l’entreprise acquéreuse dispose de suffisamment de liquidités, elle peut financer la transaction en autofinancement. Attention toutefois à ne pas fragiliser sa trésorerie ou compromettre ses autres engagements (impôts, salaires, etc.).

Apport personnel du dirigeant

Le chef d’entreprise peut également injecter les fonds dans la société via un apport en compte courant d’associé. Il devient alors créancier de l’entreprise à hauteur de la somme versée, qu’il pourra se faire rembourser ultérieurement.

Crédit bancaire professionnel

La solution classique consiste à contracter un crédit professionnel. La banque financera une partie du montant, généralement sous condition :

  • Apport personnel représentant environ 30 % de l’opération ;

 

  • Garantie personnelle du dirigeant ;

 

  • Business plan et analyse de rentabilité à fournir.

 

Cette formule permet d’optimiser le levier financier tout en préservant les ressources internes.

Recours à des investisseurs

Faire appel à des investisseurs peut s’avérer judicieux, notamment en cas de projet ambitieux :

  • Business angels ;

 

  • Fonds d’investissement ;

 

  • Crowdfunding (plateformes de financement participatif) ;

 

  • Sociétés d’investissement régionales ou sectorielles.

 

Le financement peut ainsi se faire via de la dette, de l’equity ou un mix des deux.

Financement via un crédit hypothécaire : une option stratégique

Les dirigeants multipropriétaires peuvent également mobiliser leur patrimoine immobilier personnel pour financer la reprise via un prêt hypothécaire.

Le principe

En garantissant un crédit professionnel par une hypothèque sur un ou plusieurs biens immobiliers, le dirigeant peut obtenir des liquidités sans apport ni assurance emprunteur. Le crédit est adossé à une garantie hypothécaire sur son patrimoine immobilier.

Avantages

  • Rapidité d’obtention si le bien est déjà estimé ;

 

  • Capacité d’emprunt plus élevée que dans un montage classique ;

 

  • Aucune dilution du capital de l’entreprise.

Cette solution peut s’avérer idéale dans les cas où le dirigeant souhaite renforcer sa trésorerie rapidement pour conclure une opération de croissance externe.

Guide
Fonds de commerce