Comprendre la donation au dernier des vivants

La donation au dernier des vivants, appelée aussi donation entre époux, est une disposition notariée visant à offrir au conjoint survivant une part plus importante de l’héritage que celle prévue par défaut par le Code civil. Ce mécanisme est utile pour assurer une meilleure protection financière au conjoint en cas de décès, en lui permettant de bénéficier d’une portion plus étendue du patrimoine du défunt.

À la différence des donations ordinaires, celle-ci ne prend effet qu’au décès de l’époux donateur et ne concerne que les biens présents dans le patrimoine à cette date. Il s’agit donc d’un outil juridique posthume, permettant d’adapter les règles successorales selon les volontés du couple.

Si vous souhaitez explorer d’autres moyens de transmission, vous pouvez consulter notre guide dédié aux différentes formes de donation de votre vivant.

Les choix offerts au conjoint survivant

En l’absence de donation entre époux, la loi encadre les droits du conjoint survivant selon la composition de la famille :

  • En présence d’enfants communs, le conjoint peut opter entre : l’usufruit de l’ensemble des biens, ou la pleine propriété du quart des biens.
  • En présence d’enfants non issus du couple, le conjoint ne peut prétendre qu’au quart en pleine propriété.

La donation au dernier des vivants permet d’élargir ces options, en offrant des solutions plus souples :

  • La totalité de la succession en usufruit.
  • Un quart en pleine propriété + trois quarts en usufruit.
  • La part maximale autorisée en pleine propriété (quotité disponible), qui dépend du nombre d’enfants du défunt.

Cette donation constitue donc un véritable levier de protection pour le conjoint survivant, tout en respectant les droits des héritiers réservataires.

Pour une gestion familiale plus sereine, il est conseillé d'étudier les différents leviers de transmission patrimoniale existants.

Pourquoi choisir la donation au dernier des vivants ?

Ce dispositif présente plusieurs avantages significatifs pour le conjoint :

  • Sécurité renforcée : il permet au conjoint survivant de maintenir son niveau de vie en héritant d’une part plus conséquente.
  • Souplesse : au moment de la succession, le conjoint peut choisir entre plusieurs options selon sa situation économique et familiale.
  • Exonération fiscale : les successions entre époux sont exonérées de droits de succession, ce qui évite toute fiscalité sur les biens reçus.

Ce type de donation peut être combiné à d’autres stratégies patrimoniales, notamment en matière immobilière, pour optimiser la transmission du patrimoine tout en sécurisant la succession.

Les limites à connaître

Malgré ses avantages, la donation entre époux comporte certaines contraintes :

  • Respect des parts réservataires : les enfants, notamment ceux issus d’une précédente union, conservent leur droit à une part minimale de la succession, qui ne peut être évincée.
  • Révocabilité unilatérale : le donateur peut annuler la donation à tout moment, sans obligation d’en informer son conjoint. Cette flexibilité peut aussi devenir une source d’instabilité si la relation conjugale évolue.

Il est donc essentiel d’évaluer ces éléments avec un professionnel avant de s’engager.

Comment mettre en place une donation au dernier des vivants ?

Voici les étapes à suivre pour effectuer cette démarche dans les règles :

  1. Prise de rendez-vous avec un notaire : seul un acte notarié est valable juridiquement.
  2. Élaboration de l’acte : le notaire recueille vos souhaits et précise dans l’acte les différentes options que pourra choisir le conjoint au moment du décès.
  3. Conservation de l’acte : le document est enregistré au fichier central des dispositions de dernières volontés et conservé par l’office notarial.

Cette démarche est simple à mettre en œuvre mais nécessite un accompagnement personnalisé pour s’adapter à chaque situation familiale.

Le crédit hypothécaire : un levier patrimonial complémentaire à la donation entre époux

Dans le cadre d’une stratégie patrimoniale globale, la donation au dernier des vivants peut être renforcée par le recours au crédit hypothécaire, notamment pour anticiper les besoins financiers du conjoint survivant ou optimiser la transmission du patrimoine immobilier.

Le crédit hypothécaire consiste à mobiliser la valeur d’un bien immobilier détenu par l’un des époux (ou les deux) pour obtenir des liquidités, sans vente du bien. Cette solution peut être mise en place du vivant des époux pour :

  • Financer un rachat de soulte en cas de transmission à des enfants non communs.
  • Constituer une épargne de précaution qui sera disponible au conjoint survivant pour faire face à d’éventuelles charges successorales ou besoins immédiats.
  • Éviter une vente contrainte d’un bien immobilier, comme la résidence principale, souvent héritée en indivision.
  • Anticiper une répartition équitable entre le conjoint et les enfants grâce à des liquidités accessibles au moment du règlement de la succession.

Ce type de financement présente l’avantage de préserver l’intégrité du patrimoine familial tout en répondant aux enjeux de trésorerie liés à la succession.

Par exemple, un couple marié propriétaire d’un bien immobilier peut, en parallèle de la donation entre époux, mettre en place un crédit hypothécaire pour dégager une somme qui servira plus tard à régler d’éventuelles inégalités successorales ou à couvrir des frais de dépendance.

Ce dispositif permet ainsi de sécuriser la position du conjoint survivant, en lui assurant une autonomie financière, tout en respectant les équilibres entre héritiers.

Avant d’opter pour cette solution, il est recommandé de faire appel à un expert du crédit hypothécaire, afin de déterminer la valeur mobilisable du bien, les conditions de remboursement et les effets patrimoniaux à long terme.

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Donation au Dernier des Vivants